Le Sénégal retient son souffle, en attendant la proclamation annoncée ce vendredi des résultats officiels provisoires du scrutin présidentiel de dimanche, rapportent en cœur plusieurs journaux dans leur livraison du jour. "La Commission nationale de recensement des votes (CNRV) va livrer les résultats provisoires aujourd’hui, jeudi 28 février, à partir de 11 heures.
Ainsi donc, ce n’est que 72h après le scrutin, dont plusieurs observateurs étrangers comme nationaux ont salué le dénouement, que les Sénégalais seront édifiés provisoirement sur ce qui est advenu de leur vote du dimanche dernier’’, écrit Sud Quotidien. Le journal ajoute : "La tension (est montée) d’un cran à cause des résultats publiés tous azimuts par les différents camps en compétition, rendant l’attente relativement longue’’.
Le Soleil se fait l’écho de l’adresse du chef de la mission d’observation électorale conjointe de la commission épiscopale "Justice et Paix" et des Scouts du Sénégal, l’abbé Alphonse Seck, qui a demandé que toute contestation des résultats du scrutin présidentiel ’’se fasse dans le respect de la loi’’. Le président sortant Macky Sall a pour sa part rappelé en Conseil des ministres "la nécessité de faire respecter les procédures prévues par les lois, notamment la Constitution et le Code électoral, en vue de la proclamation des résultats provisoires et définitifs’’ de l’élection de dimanche, rapporte L’As.
Selon le même quotidien, il a également "demandé au gouvernement de préparer l’investiture du nouveau président élu’’, de nombreux autres journaux partant de cette adresse en Conseil des ministres pour dire que Macky Sall est déjà dans les habits du président élu. "Job épique’’ pour le juge Demba Kandji et les membres de la Commission nationale de recensement des votes, ’’qui sont de plain-pied dans le dépouillement des procès-verbaux’’ et dont le travail est quasiment rendu "caduque’’ par cette demande du président de la République au gouvernement, souligne Source A.
"Le président sortant s’y voit déjà’’, commente le quotidien Enquête. "Alors que les résultats officiels tardent à tomber, écrit-il, le candidat de BBY a dirigé un Conseil des ministres’’, hier mercredi, ’’avec de nouvelles mesures prises’’. "En Conseil des ministres hier, renchérit le quotidien L’Observateur, le président Macky Sall, après avoir magnifié le travail du gouvernement, se projette déjà dans les cinq prochaines années de son mandat’’.
D’autres journaux continuent de tirer les leçons du scrutin présidentiel, à l’image du Témoin quotidien qui parle d’une victoire "sans panache de Macky Sall’’. "Il perd le pays utile et les zones stratégiques, mais gagne dans les régions pauvres et en pays pulaar et sérère’’. "Rêve brisé de Idrissa Seck qui s’impose quand même chez lui à Thiès’’, son fief électoral, ainsi qu’à Touba Mbacké, capitale du mouridisme, tandis que Ousmane Sonko s’impose comme ’’la révélation et l’avenir’’, selon Le Témoin quotidien.
Tribune s’inscrit dans la même perspective en ouvrant sur les responsables politiques "naufragés du 24 février’’, en allusion principalement à des représentants de la majorité dans le département de Thiès et la région de Ziguinchor, circonscriptions remportées par l’opposition. "Notre démocratie est malade’’, estime pour sa part le directeur de l’ONG Amnesty International en Afrique de l’Ouest, Alioune Tine dont le quotidien Enquête relaie le "discours teinté d’espoir et d’inquiétude’’, dans un contexte post-électoral "plus que tendu’’.
"Passionné, engagé et déterminé, le militant chevronné des droits humains prévient contre ces signaux qui menacent la démocratie et la paix au Sénégal’’ et estime que les leaders politiques "doivent être à la hauteur de la dignité manifestée par le peuple’’ sénégalais à l’occasion de ce scrutin présidentiel. "Si on ne fait pas attention au parti-Etat, ça va faire exploser le vivre-ensemble’’, analyse Alioune Tine, selon qui il faut "un grand débat post-électoral’’ pour essayer d’accorder les acteurs politiques. "Il y a de l’électricité dans l’air pour la proclamation des résultats (...).
Les femmes de l’opposition ont haussé le ton et interpellé hier les trois juges (de la Commission nationale de recensement des votes) chargés d’arbitrer sur leur devoir de responsabilité, de redevabilité...envers le pays’’, écrit Walfquotidien. "Les femmes de l’opposition veulent un second tour’’. "Munies de leurs ustensiles de cuisine’’, elles ont tenu un point de presse ’’pour réfuter les résultats avancés par le PM, Boun Abdallah Dionne, et en ont profité pour inviter les magistrats à assumer leur rôle’’, indique le journal Le Quotidien.
Pour ces femmes, "d’après les procès-verbaux en leur possession’’, le président Sall "n’a même pas obtenu 50% des voix’’, ce qui veut dire que "le second tour est inévitable’’, d’où l’attente autour de "l’arbitrage’’ du président de la Commission nationale de recensement des votes, le juge Demba Kandji, relève Vox Populi. BK/ASG
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